Installation performée, REM fait référence aux mouvements rapides des globes oculaires sous les paupières fermées pendant le sommeil paradoxal, mouvements qui paraissent liés aux rêves, ces narrations parallèles imaginaires – états de conscience modifiée qui permettent à l’imaginaire de s’inscrire dans le réel quotidien, d’agir de l’intérieur, de le décaler. La pièce se construit sur une frontière entre les espaces visibles et invisibles du théâtre, entre un intérieur et un extérieur. REM se soulève et s’abaisse, laisse filtrer plus ou moins de lumière, dévoile ou dissimule comme une paupière augmentée. Dans le temps du théâtre, elle joue de la tension entre ce que l’on voit et le reste, à partir de la discontinuité de l’éclairage, de l’épaisseur mouvante du son, des mouvements et constructions. Apparitions et disparitions chorégraphient l’invitation à un rêve collectif dirigé par l’illusion, à une exploration nocturne. Voir très loin, très flou, zoomer sur une danse de détails, s’assoupir, prendre de la distance. D’un même mouvement, REM suggère l’existence de l’ailleurs, de l’extérieur, d’une abstraction du réel, avec les outils de l’artifice – son, lumière, plasticité des corps. Ça bricole en surface et ça remue dans les profondeurs ; ça dit le naturel et l’intime commun en utilisant l’industriel, le factice. Les interprètes mènent une expédition et vous y êtes convié.e.s.
Ma-J V.
SPHENOIDE 